Une soirée, une soirée de plus du moins, où comme habituellement mes copines mannequins me trainent prétextant qu’on va s’amuser. Attiré dans ce monde de luxe et de débauche que je connais tant j’ai l’impression que les soirées se ressemblent toutes, les carrés vip sont tous les mêmes, qu’importe les boites, vous y trouverez des gens friqués, qui par fautes de distractions ont décidés de se défoncer ; ceux qui vous font rêver, les gens que vous aviez pu autrefois idolâtrer deviennent tous des drogués, des morts vivants tout juste capable d’articuler deux mots. Non, je ne me sentais pas à ma place. Pénétrant pour une énième fois a Temptation je me faisais saluer, courbettes, compliments, tournant la tête à droite, à gauche, oui ici comme partout nous sommes les reines de la soirée, les mannequins les plus côtoyés, celles qu’on voit sur chaque pages de magasine ou presque, au détour de chaque rue sur les immenses panneaux publicitaires et pourtant il n’y a que moi qui semble telle un chat égarer. Dans cette mascarade, chacun y trouve sa place, moi je me contente de suivre. Les filles sont en effervescences, elle scrute telle des harpies les hommes présents, balançant des prénoms par ci, par-là, elle se les partages « les filles vous me faites pitiés » elles me fusillent du regard, et comme a mon habitude je leurs fais un sourire qui en gros signifie : mais je vous emmerde. Je les quitte, rejoignant le bar où mon verre de Téquila m’est presque aussitôt servis, je commence à errer dans le club, regardant d’un air méprisant les strip-teaseuse… Si les féministes veulent commencer par quelques parts, qu’elle commence par ces clubs là où les femmes sont des bouts de steak, ni plus ni moins que de la viande que les hommes se partagent.

L’ambiance oppressante me pousse à me retrancher dans les arrières salles, les carrés vip des carrés vip si vous voulez, les endroits où seules la plus haute bourgeoisie, les gens les plus riches, ceux dépensant l’équivalent d’un salaire mensuel en une soirée, habiller uniquement chez les plus grands couturiers peuvent entrés. Le videur spécialement apprêter à la tâche qu’est l’accès très priser à ses salles me fixes quelques instant avant de me sourire, je reste de marbre, comme habituellement, mais je peu déjà sentir son regard me déshabiller « même pas en rêve Dudley » d’un air dédaigneux qui presque aussitôt lui hotte son sourire. Je me fraie un chemin dans la foule, servant des sourires hypocrites sur un plateau a la grande majorité des gens que je rencontre, je fini par m’engouffré dans un couloir, ne sachant trop où je vais, me demandant vraiment ce que je fous là, pourquoi je me suis laisser entrainer encore une fois dans ce genre de soirée…. Je fini par me retrouver face à un rideau que je pousse, découvrant des hommes autours d’une table, l’un joue avec ses pilules colorés, l’autre passe des billets dans le string usé d’une rouquine déjà bien défoncer et le dernier qui relève tout juste sa tête, viens sûrement d’aspirer sa première dose de coke de la soirée, mais lorsque son visage m’apparait, je reste glacer sur place. La lumière est faible mais plissant les yeux mes doutes sont confirmés.

Ce soir je préfère ma coke à une partie de jambe en l'air pour le moment... ou peut-être est-ce simplement parce que leurs têtes ne me reviennent pas. Elles sont fines, élancées, créatures sublimes aux jambes galbées et halées, mais au niveau du visage elles n'ont rien d'exceptionnel, j'irai même jusqu'à dire qu'elles sont presque laides. Mais soit, je penserais à Petra Nemcova pendant notre partie de baise intensive ou toute autre mannequin anorexique et aux hanches saillantes qui, en vérité, ne m'excite pas vraiment. Je suis moi-même loin d'être un apollon tout en muscle ; l'addiction à la drogue me coupe l'appétit et je n'en ai que faire, aussi j'avoue que les courbes généreuses des demoiselles m'attirent bien plus. Ce qui n'est pas le cas des trois silhouettes squelettiques portant sur elles du Dolce & Gabana qui s'allongent contre moi ou viennent apposer leurs mains frêles sur mes cuisses. La moins blonde d'entre elles avance alors ses lèvres à mon oreille, et dores et déjà je comprends qu'en vérité, la demoiselle est brune mais les néons affolés m'ont empêché jusqu'ici de voir véritablement à quoi elle ressemble, ou peut-être est-ce parce que justement, j'en ai rien à faire. Elle me murmure des mots doux à l'oreille, suivi d'avances explicites qui me font sourire, et pourtant je ne réponds pas mais m'affale sur la banquette ocre, une cigarette à la main que je viens de rouler, avisant d'un oeil terne et désintéressé Joe qui décroche son téléphone. Il me le tend alors, et je comprends qu'à l'autre bout du fil se trouve une personne que je ne connais pas, mais qui veut tout de même parler à Mylan Alister, parce qu'être en contact avec un dealer bourge ayant autant d'influence, c'est fun, et pour un peu qu'on ait une petite amie blonde à lui présenter pour une nuit, ça peut vous ouvrir des portes. J'entends ma voix suave et incandescente s'élever dans le vacarme de la musique sourde ; je murmure et pourtant le son de mes paroles porte dans une sensualité détonnante et froide.

« Fuck off. Qu'il aille se faire foutre, je parle pas aux inconnus. » fis-je alors dans une ironie cinglante.
« Il dit qu'il est occupé là, rappelle plus tard. »

Joe hausse les épaules tout en raccrochant quand je lève mes yeux au plafond avant de lâcher un soupir, las et exaspéré. Comme quoi, il est absurde de se fier aux apparences ; le grand baraqué aux airs de caïd imperturbable se montre poli et courtois, quand le petit blanc bourge et rachitique est la pire ordure que vous puissiez trouver... Enfin peut-être pas. Et déjà je soupire de nouveau, je m'ennuie ; il faut constamment m'étonner sans quoi je me lasse vite et vous n'êtes plus dans mes bonnes grâces, je décide de me faire une autre rail de coke tandis que je relève tout juste ma tête et que ma main vient frôler mon nez d'un réflexe bref et mon regard noisette se pose brièvement sur la silhouette qui vient de rentrer. Nos regards se croisèrent. Je toise alors dans un froncement de sourcils la silhouette féminine qui soudain me rappelle quelqu'un, et enfin son nom me revient : Raiponce. Apparemment, elle ne s'attendait pas à me voir vu la tête qu'elle faisait en ce moment. Je soupirai. J'avais beau l'évitée, elle était toujours là.

« Tu nous fais quoi la totale ou une simple danse … Raiponce … ? »

Les jeunes hommes se mirent à rire alors même que ses prunelles pénétrantes ne se détachaient plus de Raiponce.